Le samedi 23 Novembre 2019, Yahya, participant à MAHIR Center, a eu l’amabilité de partager avec le reste des participants ses connaissances sur la note musicale.

Après avoir introduit qu’est ce qu’une note musicale, Yahya a mis en évidence les notions de fréquence sonore et de l’octave, pour comprendre la relation entre différentes notes consécutives dans une même octave.

Pythagore justement a découvert une manifestation physique de l’harmonie musicale, car on parlait d’une relation entre les consonances et les fréquences entre les sons de la note musicale. Il avait introduit la relation entre la longueur de la corde et la fréquence qu’elle émet, la loi harmonique. Plus la corde est courte, plus la fréquence est aiguë, et spécifiquement encore : si l’on prend une corde et qu’on la coupe en deux, la nouvelle fréquence qu’on obtient est parfaitement harmonieuse avec celle de la corde initiale, il s’avère mathématiquement que si on couple une corde en deux, la fréquence est multipliée par deux, et c’est ce rapport qui définit « l’Octave ». De même, si on la coupe par trois, la fréquence est multipliée par 3 également, nous donnant ainsi « la Quinte juste ». En se basant ainsi sur un ratio de 3/2, a été créé « le cycle des quintes », qui finit par générer les 12 notes qui forment une octave.

Le chiffre 12 donnant assez de couleurs dans une seule octave, le rapport entre chaque deux notes successives était inconsistant si l’on se base sur la méthode de Pythagore. Vient le rôle de J. S. Bach qui croit en la seule harmonie de l’octave et l’utilité d’y avoir 12 notes, mais qui exige un rapport constant entre les fréquences de chaque deux notes successives dans une octave. Pour lui, il n’est pas question de trouver les notes puis de calculer les rapports entre ces notes, mais de poser d’abord la contrainte que le rapport demeure constant et ensuite de calculer celui-ci.

Pour les noms des notes musicales, Boethius (Boèce) est le premier à se lancer dans la nomination des notes musicales, et ce en se basant sur le chant grégorien. Il estime que l’étendue vocale d’un chant masculin est de deux octaves (soit 15 notes), puis retire la première (n’en restant que 14) et commence à les nommer en suivant l’ordre de l’alphabet latin : A, B, C, D, E, F, G, H, J, K, L, M, N, O (la distinction entre les lettre « i » et « j » ne se fait qu’au 16ème siècle). Ce système permet à un chanteur grégorien de se situer convenablement dans son étendue vocale, mais les voix ne sont pas consistantes d’une personne à l’autre, d’une ville à l’autre, et même d’un pays à l’autre. Les musiciens instrumentalistes quant à eux auront besoin de plus se spécification dans l’usage de ce système, et se contenteront des sept premières lettres (de A jusqu’à G) et d’alterner entre les majuscules et les minuscules afin de déterminer les notes graves et aiguës respectivement. L’alternance n’étant plus d’actualité, les musiciens anglo saxons continuent aujourd’hui à utiliser ces lettres.

Les noms des notes musicales utilisés dans la majorité des pays européens (à savoir : Do, Ré, Mi, etc) sont issus de l’hymne religieux à Saint Jean-Baptiste vers 14ème siècle. C’était Guido de Arezzo, une moine italien, qui a élaboré le système de notation musicale sur la portée, et a nommé les notes musicales en utilisant les premières syllabes des six premiers vers composant l’hymne : «Ut queant laxi, Resonare fibris, Mira gestorum, Famuli tuorum, Solve polluti, Labii reatum. » Des musicologues ont rajouté par la suite la 7ème note Si en utilisant les initiales du derniers vers « Sancte Johannes». L’hymne se traduit par : « Afin que tes serviteurs puissent chanter à gorge déployée tes accomplissements merveilleux, ôte le péché de leurs lèvres souillées, saint Jean. » Etant donné que la première note Ut finit par une consonne, il était pénible de la chanter lors de la lecture de partitions musicales, et a été ainsi remplacée par Do, vraisemblablement en hommage à un musicologue italien Giovanni Batista Doni.

Les symboles « dièse » et « bémol » sont des versions de la même lettre B (qui correspond à la note Si). Le Si naturel était représenté par une lettre B minuscule aux extrémités angulaires, tandis que le Si « diminué » était représenté par un B minuscule plus courbé. Ainsi le « dièse » signifie « monter à la fréquence suivante », et le « bémol » signifie « descendre à la fréquence précédente ».

Selon Yahya, le plus important ce n’est pas la fréquence d’une note en elle-même, mais d’une part son rapport avec les autres notes qui l’accompagnent dans un morceau musical, et d’autre part le rang qu’elle occupe dans la gamme où elle est employée. En effet, cet ordre et cette structure permet au musicien de choisir son harmonie selon les émotions qu’il souhaite véhiculer, et un savoir maîtrisé lui permet aussi de choisir quand respecter la structure et quand s’en détacher.