S’il était possible d’accorder l’honneur d’une heure d’applaudissement du public, c’est le film de Radu Mihaileanu “La source des femmes” qui l’aurait remporté.

C’est un film éminemment pédagogique, intelligent, émouvant, drôle et sensible qui s’inscrit dans l’actualité des débats qui ont lieu aujourd’hui autour de la condition de la femme dans le monde arabe. La femme est incarnée dans les silhouettes des personnages de la fable que nous livre Radu Mihaileanu. Cette fable, dont l’histoire a lieu dans un village “situé quelque part entre sur péninsule arabique ou au Maghreb”, a été tournée dans un petit village magnifique, dans une vallé aux environs de Marrakech, qui avait émerveillé le réalisateur lors de sa première visite. 

Tout au long du film, la narration a choisi son camp : celui des femmes qui sont en marge de la société et exclues d’un système patriarcal, celui de celles qui ont eu le courage d’exiger de leurs hommes d’amener l’eau jusqu’au village pour leur éviter un labeur éreintant. Dans le film ces femmes ont usé d’une arme aussi inédite que décisive : faire la grève de l’amour. Une bonne technique qui leur a permi de faire de leur un enjeu local, un enjeu politique national. Le film humanise ces portraits des femmes et pousse le spectateur à les comprendre et s’identifier plus aisément avec elles, car elles sont les reflets des générations passées, présentes et futures, tout à la fois.

Sur ces images vient s’inscrire parfaitement la citation du poète Louis Aragon : “La femme est l’avenir de l’homme”. Célèbre vers devenu maxime, et incarné à merveille par ce film.

Dans le cadre de programmation du ciné-club à La Villa Mahir, le film a ravi un nombre important de participants. La perspective de son histoire a transporté les participants à l’intérieur du récit en les glissant jusqu’au cœur du village. Ils se sont plongés dans la peau des protagonistes du film grâce à la formidable puissance des voix évocatrices de ces femmes. Le film traite avec humour et émotion de la souffrance de la femme dans son combat pour l’égalité, dans sa relation conjugale et pour son accès pour l’éducation. 

Le militantisme féministe mis à l’écran par Radu Mihaileanu a suscité l’intérêt des spectateurs qui ont instinctivement réagi et débattu passionnément des divers problèmes que le réalisateur soulève, et dont souffrent les femmes dans le monde arabe.